Mutations

2016-2017

Et il vint enfin le jour du jugement, celui du dernier instant où la parole nous fut délivrée.

C’était le grand ange, vêtu de noir, la mort qui avant de nous saisir, nous signifia notre destinée et par son dégoût, nous rendit, pour un seul moment, l’impossible raison : ” Croyez le ravissement qui est le mien, alors que je vous emporte jusqu’au dernier. Vos enfants aujourd’hui ce sont les miens, votre mémoire avec. Ainsi je vous le révèle : vous n’êtes pas les fils de Dieu, mais ceux du démon. Votre père est le serpent et votre mère l’araignée.

Je vais vous dire, mais vous n’écouterez pas : Tu es Dieu, l’enfant sacrifié pour Rien, sacrifice de toi même, de ta mère.

La mère veut être pleine, elle ne veut pas l’enfant. L’avorton ne vaut rien, mais ce trésor est à elle seule. Les fous de Dieu réclament l’avorton, ils boivent son sang, ils mangent son corps. L’enfant est né, la mère pleure. L’enfant est né, l’enfant pleure. Le père pense qu’il est le Maître, il n’existe pas. L’enfant est le Maître, la partie manquante de la mère. L’enfant soldat est mort pour Rien, les parents sont fiers. Les bombes sont des sexes, des trésors. La femme détruite est un homme, elle torture le père. Le père est un enfant. Le fils et la mère forment l’union suspendue. La vie est l’histoire suspendue, la mort est l’accomplissement. Il y a la société nouvelle du fils, il y a la société ancienne du père. La haine.

Dieu tue, massacre, torture. L’enfant tue le père. Ce qui n’existe pas doit exister, ce qui existe doit être sacrifié. Ainsi s’achève l’histoire des hommes, vos souffrances.”