Je suis toi

2006 / 2016

Perdu dans la foule, c’est ce qu’on dit. Je me suis trouvé dans la foule, je veux dire qu’il est bien entendu que ce passant à Hong Kong mérite mon respect ; pour quoi est-ce que je vaudrais, automatiquement, quelque chose de plus que lui ? Ne suis-je pas le passant pour lui ? Qui suis-je réellement sinon quelqu’un qui, comme ce passant, mérite le respect ? Est-ce que je mérite le respect du fait de mes qualités, de mon âge ou de quoique ce soit d’autre ? Je suis respectable et aimable parce que je suis en vie, là. Voici mon identité et nulle autre. Tu cherches dans le miroir le reflet d’une supériorité, réelle, elle n’est que désamour. Je t’aime parce que tu es là, vivante et unique ; je t’aime parce que tu existes ; je n’ai pas besoin que tu fasses quoi que ce soit ; je n’ai pas besoin que tu me prouves quoi que ce soit ; je ne veux pas t’évaluer. La ville est une ruche, nous sommes biologiquement, le nombre ; tel est le réel dont il est fou de se soustraire. La ville est le foisonnement, la ville est la nature. Nous sommes des fourmis, coiffées d’un chapeau ridicule, des pauvres gens, mais je t’aime tant, mon amour.